CHAPITRE 90 Cristobal se reprend
CHAPITRE 90 Cristobal se reprend
Cristobal
n’a pas fermé l’œil de la nuit et quand il entend les pas de sa femme, il se
précipite.
- Où
étais-tu passée ?
- Laisse
-moi tranquille !
Cristobal
regarde sa femme avec des yeux ronds.
-
Quoi ! Tu passes la nuit dehors, je
me fais un sang d’encre et tout ce que tu trouves à me dire, c’est de te
laisser tranquille ! Tu te moques
de moi ?
- Pense
ce que tu veux, imbécile !
D’abord
interdit, Cristobal saisit le bras de sa femme et gronde :
- Tu vas t’expliquer, oui ? Ou je te jure
bien que…
- Que
quoi ? Tu trouves que je n’en pas
vu assez ! hurle la jeune femme,
hystérique.
Elle
s’abat sur son lit, en proie à une véritable crise de nerfs. Cristobal se retire et attend tranquillement
que la crise se passe. Au bout d’un moment, Luz, un peu honteuse de s’être
ainsi laissée aller, se passe de l’eau sur le visage et attend que son mari la
rejoigne. Mais il ne vient pas et elle finit par le trouver près de la cheminée
de leur petite salle à manger.
-
Qu'est-ce que tu attends ? lance’ -t-’elle, maussade
Cristobal
lui lance un long regard.
- Ma
chérie, je sais que tu m’as toujours pris pour un imbécile, comme tu me l’as
obligeamment confirmé tout à l’heure. Mais si j’ai pu passer sur tes
innombrables caprices et insolences, je ne suis quand même pas homme à
supporter que ma femme découche sans réagir.
- Et
qu'est-ce que tu veux faire ?
La voix
se veut assurée mais la peur y tremble.
- Ca
dépend de toi et ce que tu vas me dire. Evidemment, la solution la plus simple
pour moi serait de te donner une bonne correction et de m’arranger pour que tu
fasses pénitence d’assez dure manière pour ne pas recommencer.
- Pénitence ? relève la jeune femme d’une
voix étranglée.
- Même si
je veux étouffer le scandale, il y a des couvents fort discrets où les femmes
adultères, le poil ras et vêtues de bure, se retrouvent au pain sec et à l’eau,
reçoivent la discipline et accomplissent les corvées les plus pénibles en
punition de leurs pêchés. On ne sait jamais vraiment ce qui s’y passe et on
pourrait toujours dire que tu fais une retraite spirituelle. Une très longue
retraite. Cela te ferait sans doute le
plus grand bien. Que dirais- tu du
monastère de Valdecolomba, celui qui est en dehors de la ville, isolé de
tout ? La mère supérieure en est
très réputée. Il paraît qu’elle n’a pas
sa pareille pour châtier le vice. Elle
saura beaucoup mieux que moi te ramener dans le droit chemin. Ce sera beaucoup
plus douloureux, c’est tout.
Epouvantée,
Luz porte les mains à son visage.
- Mais
c’est là qu’on envoie les filles publiques !
-
Précisément. Tu y retrouveras tes
semblables.
La jeune
femme s’effondre auprès du fauteuil de son mari, en larmes.
- Je te
jure que je ne t’ai pas trahi.
- Alors,
explique-toi.
Luz
déglutit avec peine. .
- Tu me
croiras ?
- Dis
toujours.
- D’abord
il faut que tu me promettes de ne rien tenter. Ils n’avaient pas l’air de
plaisanter et je ne veux pas prendre de risques. Promets.
Cristobal
respire à fond.
- Je ne
sais pas de quoi tu parles mais je veux bien promettre de t’écouter avec le
plus grand soin. Si tu es innocente, je ne ferai rien qui puisse te nuire.
Luz
raconte alors son équipée, d’une voix entrecoupée de sanglots.
- J’ai eu
tellement peur …
Cristobal
lui prend le visage entre ses deux mains, la regarde intensément et finit par
lâcher.
-
D’accord, je te crois.
Luz
pousse un profond soupir de soulagement.
- Alors,
plus de couvent ? risque-t- elle timidement.
- Plus de
couvent. Pour l’instant. Sur un point au
moins je suis d’accord avec ces brigands : tu as souvent exagéré. Et tu mérites cette leçin. Je te conseille
donc de te calmer et de surveiller tes actes et tes paroles. Parce que moi, je
ne t’abandonnerai pas aux loups et aux corbeaux mais je doute que cela te soit
agréable. Et je t’assure que je
n’hésiterai pas, si tu devais prendre ça pour de la faiblesse. Tu t’en
repentirais amèrement. On peut transformer une maison en prison sans que
personne s’en aperçoive. Sauf la prisonnière.
Luz
renifle deux ou trois fois.
- Tu ne
m’en veux pas trop, alors ?
- Si,
terriblement. Malheureusement ,je ne peux pas m’empêcher de t’aimer. Tache de
ne pas me le faire regretter.
- Ca, je
te le promets, déclare la jeune femme, radieuse, en se jetant à son cou.
Inscrivez-vous au blog
Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour
Rejoignez les 3 autres membres