A SUIVRE Le Voyage à l\'envers

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CHAPITRE 74 Un mariage bien assorti

CHAPITRE 74 Un mariage bien assorti

Je n’ai pas perdu pas de temps, je te l’assure. Rien ne refroidit plus vite que la faveur royale. Cordoue était   devenue un immense jardin : les patios exhalaient les parfums du paradis et se paraient des fleurs les plus somptueuses autour de leurs fontaines aux eaux bondissantes. Chacun avait à cœur d’embellir de son mieux fenêtres et patios car la fête des fleurs approchait  et personne ne voulait  être en reste.  Je me suis   attardé un peu sur les bords du Guadalquivir et j’ai respiré à pleins poumons l’air enchanté de la cité.  Jamais il ne m’avait semblé aussi bon. Puis j’ai mis mon cheval au trot et je me suis résolument dirigé vers une belle demeure aux grilles ouvragées, cadeau de ma mère.    J’étais assez impatient, je l’avoue. Presque aussitôt, Fidelia, qui avait déjà tout de la respectable matrone est venue m’ouvrir.

- Don Alejandro ! s’exclame-t- elle. Quel bonheur ! Doña Sol va être si heureuse ! Et le petit alors !  Entrez vite !

Après avoir confié mon cheval à un jeune palefrenier, je suis entré avec ravissement dans un patio frais aux couleurs éclatantes.  Soudain, une jeune femme superbe est apparue sur le seuil d’une porte, s’est précipitée vers lui et s’est jetée à mon cou.  Sol s’est blottie contre moi et a demandé presque timidement.

- Tu vas rester longtemps ?

- Le temps de te poser une question, une seule.

- Une question ?

- Oui. Veux-tu m’épouser ?

Elle   s’est arrachée à mes bras et m’a lancé un regard de reproche.

- Ce n’est pas bien de plaisanter sur de pareils sujets, Alejandro.  Tu me déçois.

J’ai souri- A Dieu ne plaise que je te déçoive un jour, ma douce. Je suis très sérieux.

- Mais enfin, insiste-t- elle, tu sais bien que c’est impossible.

- Tout à fait possible au contraire. Cela fait plus de deux ans maintenant que Leonor est morte. On a vu des remariages bien plus précipités.

Sol a secoué la tête.

- Ce n’est pas de cela que je parle.  Mais tu es un puissant personnage et ta reine ne permettra jamais ce mariage.  Jamais.

- C’est-ce qui te trompe, ma douce.

 Elle a écarquillé les yeux. A ce moment précis,   Fidelia est arrivée avec des friandises et des rafraîchissements et nous nous sommes installés sur un banc.

- Explique-toi, a interrogé Sol, de plus en plus intriguée.

- C’est très simple. Tu sais peut-être qu’à la fin du mois de mars, le 28 plus exactement, nous avons remporté une grande victoire à Cérignoles. Don Garcia y Paredes et le Grand Capitan s’y sont illustrés comme d’habitude mais j’avoue que j’ai eu la chance de m’y distinguer moi aussi.

- Ce qui ne m’étonne pas.

- Bref, il parait que mon action a été décisive pour la victoire.

- Un castillan modeste, a   plaisanté Sol, j’aurai tout vu ! Mais je ne vois pas le rapport.

- Il est pourtant direct. Le Gran Capitan qui commandait les troupes, m’a demandé d’aller porter cette bonne nouvelle aux Rois, en compagnie d’un de mes amis, Don Alonso. J’étais porteur d’un message du Grand Capitan mais en plus Don Alonso a fait à la reine un récit si dithyrambique de mes exploits que Sa Majesté a voulu me récompenser et m’a promis de m’offrir tout ce que je voudrai. Il n’était rien, disait-elle, qu’elle pourrait me refuser.

- Et alors ?

- Alors devine.

Sol m’a regardé avec effarement.

- Tu lui as demandé la permission de m’épouser ?

- Exactement.

- Et elle a accepté ?

- Pas tout de suite, ai-je dû reconnaître. Et pas sans réticences. Mais elle avait donné sa parole et à moins de se parjurer...

- Ca n’aurait pas été la première fois, a lancé Sol, acide.

- Peut-être mais là, elle n’avait aucune raison de la faire. Elle ne pouvait même pas s’abriter derrière la raison d’état. Et comme je refusais toute autre faveur...

- Elle a fini par s’incliner.

-  Le moyen de faire autrement !

Sol s’est blottie contre moi

- Tu es redoutable !

- C’est à peu prés ce qu’elle m’a dit.

Elle a eu un sourire merveilleux et a ajouté :

- J’aurai bien voulu voir ça !

- Je te jure bien qu’Alonso, lui, n’en perdait pas une syllabe et que depuis quinze jours, je suis la fable de la Cour.  Seulement j’espère que tu ne voulais pas un grand mariage parce qu’elle m’a quand même demandé de rester discret...

Sol a haussé les épaules.

- Que m’importe. La chapelle du domaine fera très bien l’affaire.

-  Tu as raison. Et puis ce sera plus commode pour recevoir mes invités.

- Tes invités ?

- J’ai promis un mariage discret mais pas honteux. J’ai quelques amis dans la région et je tiens à ce qu’ils soient présents. Afin que nul n’en ignore et que certains n’aillent pas s’imaginer que je marie à la sauvette ni que j’ai honte de vous.  Comme si c’était possible !

A ce moment précis, on entend une galopade effrénée dans le couloir et Inigo, tout sourires, se précipite à son tour dans les bras de son père. Alejandro l’embrasse passionnément et le contemple avec amour.

- Comme tu as grandi ! Et que tu es devenu beau, mon fils ! Avec des yeux pareils et une telle prestance, tu dois faire chavirer bien des cœurs !

Inigo, qui allait sur ses seize ans, a violemment rougi et a baissé les yeux. Sa mère a éclaté de rire.

- Je n’ai jamais vu un garçon aussi pudique ! Tout le monde se retourne sur son passage et il refuse de comprendre pourquoi.

- Tu te trompes, maman, réplique gravement le jeune homme. Ce n’est pas sur moi qu’ils se retournent, c’est sur toi.

- Et tu sais déjà parler aux femmes ! s’exclame son père. Il n’y a pas à dire ; nous ferons de toi un gentilhomme accompli.

Le sourire d’Inigo s’est fait éclatant.

- Mon fils, il faut que je te pose une question très grave. Alors réfléchis bien avant de répondre.

Redevenu subitement sérieux, Inigo m’a fixé avec attention. 

- Je t’écoute.

- Voilà. J’ai besoin de ta permission.

- De ma permission ? Mais pour quoi faire ?

- Dame ! Pour épouser ta mère !

Eperdu, ravi, Inigo nous a regardés tour à tour. J’avais du mal à réprimer une forte envie de rire.

- Alors, c’est oui ou c’est non ?

- C’est oui, dix mille fois oui !

- Une me suffira.

- C’est merveilleux ! s’exclame Inigo.

J’étais ravi mais il fallait tout régler.

- Seulement, je crains de bouleverser un peu votre vie.  Je voudrais tellement vous avoir sans cesse auprès de moi... Mais les déplacements de la Cour sont incessants...

- Nous te suivrons où que tu ailles, a assuré Sol.

- Pour l’instant les rois ont l’air de vouloir se fixer à Tolède pour un temps. Cela ne vous ennuie pas trop de quitter Cordoue ?  Etant bien entendu que ce domaine demeure ta propriété pleine et entière, Sol.

- Où tu iras, j’irai. J’avais encore une requête à formuler, et pas des plus faciles.

- Et puis cela m’arrangerait bien.  Parce que ... j’aurais autre chose à te demander, Sol...

- Je t’écoute.

- Voilà. Tu sais que Leonor m’a laissé deux fils qui sont encore en bas âge. Carlos a cinq ans et José à peine trois. Je les ai confiés à des nourrices mais je n’ai qu’une confiance limitée en elles. Je suis presque toujours parti et tu connais le dicton « Quand le chat est parti, les souris dansent ». Est-ce que tu accepterais de t’en occuper ?

Sol a souri.

- Bien sûr. A cet âge, les enfants ont besoin d’une ... d’une...

- Mère. Et justement, avant de mourir, Leonor exprimé le souhait que tu t’occupes de ses fils.

- Vraiment ?

- Oui. Elle m’a dit qu’il était inutile d’aller chercher une étrangère alors que tu étais toute désignée pour prendre sa place, aussi bien auprès de moi qu’auprès de ses enfants. Elle s’inquiétait beaucoup pour eux et comme je lui avais souvent parlé de toi, je crois que ta présence auprès d’eux la rassurait.

- C’est vraiment dommage que nous n’ayons pas pu nous connaître. Je suis sûre que nous nous serions bien entendues. C’était vraiment un noble cœur.

- Oui,  un ange que Dieu nous avait envoyé et dont il ne pouvait sans doute pas se passer plus longtemps ...

Un temps puis je me suis tourné vers mon fils.

- Dis moi, Inigo, ça te plairait de jouer un peu au grand frère ?

Il a plissé un instant le nez et réfléchi un moment.

- Ca pourrait être amusant, déclare-t- il. Surtout s’ils sont si petits.

Alors j’ai   hoché la tête.

- Alors c’est dit. Dès que possible, nous nous marions et nous remontons sur Tolède. Pourvu que la cour n’ait pas trop la bougeotte !

Ainsi fut fait. Les bans furent publiés dans les plus brefs délais et à peine trois semaines plus tard, la maison retentissait des cris et des rires des jeunes mariés et de leurs invités. Elle ne devait retrouver un peu de calme que quelques semaines plus tard quand, laissée aux bons soins de quelques serviteurs de confiance, elle vit s’éloigner Sol et Inigo accompagnés d’Antonio, de leurs serviteurs et d’innombrables mules chargées de paquets, de coffres et j’en oublie sûrement.

- Nous n’avons même pas pu arriver ensemble à Tolède, déclare Doña Sol. La reine avait déjà rappelé Alejandro, juste après le mariage. Je l’ai toujours soupçonné d’en avoir fait exprès.

- Voyons, Sol, la reine Isabelle n’était pas si mesquine.

- Ca,   c’est toi qui le dis.  Enfin, c’était quand même un beau mariage, Ana. Tu connais ton parrain, il avait invité toute la noblesse du coin et fait dresser des tables sur le domaine et dans le village. Les villageois en parlent encore.

- Je croyais que la reine avait demandé de la discrétion, sourit Ana

- J’ai été très discret, proteste Don Alejandro mais je n’allais pas me marier à la sauvette, comme si j’en avais honte. 

- Il y avait vraiment du beau monde, se souvient Sol. Don Pablo de Ortega a profité de l’occasion et il est venu avec la belle Aïcha et le petit Manuel qui avait alors trois ans. Un enfant déjà très vif.

-   Pour ça il n’a pas beaucoup changé, convient Ana.

- Moi, j’ai eu de la chance,   soupire Dona Sol. J’ai pu épouser mon caballero…

Elle se reprend et poursuit.

-  Nous étions habitués à la luxuriance de l’Andalousie, et nous avons ouvert de grands yeux en découvrant les hauts plateaux castillans aux terres rouges et brûlées. Et tous ces gens si graves … Heureusement Antonio, le frère de lait d’Alejandro, nous accompagnait et nous a bien guidés dans ces nouveaux méandres. Après un bref arrêt à Villarejo de Montalban pour un repos bien mérité, nous sommes repartis vers Tolède

-  La maison doit être prête, a déclaré Antonio .Alejandro a envoyé des messagers pour prévenir.

En effet, quand nous sommes arrivés en fin d’après midi, le personnel au grand complet était   là pour accueillir la nouvelle dame des lieux et chacun s’est incliné respectueusement devant nous  Juan Diaz, l’intendant, s’est incliné encore plus profondément.  Il ne savait pas encore ce qui l’attendait, le pauvre. J’avais bien décidé de tout reprendre en main.   Un geste, il se relève et il m’adresse un petit compliment.  Je l’ai écouté l attentivement, le sourire aux lèvres

-  Señor intendant, je vous remercie de vos vœux de bienvenue et je ne doute pas que nous ne travaillons ensemble très facilement à la bonne tenue de cette maison.  J’espère que cette collaboration sera agréable et fructueuse pour tous ici. Pour ma part je m’y emploierai de mon mieux.

 Puis je me suis tournée vers Inigo qui avait gardé le silence jusqu là.

- J’ai l’honneur et la joie de vous présenter mon fils, Don Inigo de Mendoza. Je ne sais pas ce que son père a prévu pour lui mais je compte sur vous, Señor Diaz, pour l’initier très vite au fonctionnement d’une si grande maison.

J’ai regardé attentivement autour de moi - Mais je ne vois pas les enfants, Carlos et José ? Où sont-ils ?

Les servantes se consultent du regard.

- Oh, ils doivent jouer dans leur chambre, Señora.

- Ils doivent ? Vous n’en êtes pas sûre ?

- C’est que ... nous avions tant à faire pour préparer l’arrivée de Votre Grâce...

- Menez-moi prés d’eux, je vous prie. Il n’est pas bon que des enfants de cet âge soient laissés sans surveillance.  Inigo, occupe-toi de nos bagages, s’il te plaît.

- Bien ,mère.

Une servante, très intimidée, m’a conduite dans une petite pièce assez mal éclairée où un bambin d’environ cinq ans s’amuse avec un petit bâton de bois tandis que l’autre s’est endormi à même le sol.  Je me suis approchée de lui et je l’ai pris doucement dans mes bras sans même le réveiller.  J’ai dû jeter un regard glacial à la servante et j’ai ordonné à voix basse :

- Il faut immédiatement coucher cet enfant. Montrez-moi son lit. J’espère que les draps sont propres.

- Je m’en occupe tout de suite, Doña Sol, tout de suite.

Peu de temps après, le petit continue son somme dans un lit bien frais, où je l’ai soigneusement bordé.

- Vous allez rester avec lui tandis que je m’occupe de l’autre.  Si jamais il se réveille ou pleure, venez me chercher immédiatement. Mais envoyez-moi d’abord une autre servante.

La petite a plongé dans une révérence impeccable avant d’obéir sans tarder.  Je suis retournée dans la pièce où le gamin a ouvert de grands yeux en me voyant arriver.  Je me suis agenouillée prés de lui et je lui ai souri.

- Tu t’appelles Carlos, n’est-ce pas ?

Il a hoché la tête, intimidé.

- Qui est-ce qui te l’a dit ?

- C’est ton papa. Moi, je m’appelle Sol et maintenant je vais vivre avec toi.  Tu veux bien ?

Le petit m’a dévisagée un instant.

- Quand est-ce que tu partiras ? demande -t- il.

- Je n’ai pas l’intention de partir.

 Il a secoué la tête.

- Ils sont tous partis. Papa n’est jamais là et Maman est partie...

Je lui ai tendu les bras.

- Moi je ne partirai pas.

Il a fait la moue, peu convaincu.

- Qu'est-ce que tu dirais d’un bon bain ? ai-je proposé. J’ai l’impression qu’on t’a un peu oublié ces derniers temps.

Il a haussé les épaules, m’a fixé un instant et a finalement accepté de se laisser porter.  A ce moment précis une servante est arrivée.

-  Faites couler un bain pour le petit, ai-je ordonné et apportez moi des serviettes et des vêtements propres.

- Pour le petit, Señora ?

- Non, pour l’empereur Maximilien ! Et dépêchez vous !

- Oui, Señora, bien Señora, a balbutié la servante avant de s’éclipser.

 Je me suis assise et je l’ai pris sur mes genoux.

- Je vais m’occuper de toi.

Carlos s’est blotti contre moi et s’est mis à sucer son pouce.

- Maman aussi me donnait le bain mais elle est partie... a--t-il gémi.

Je l’ai bercé doucement.

- Je sais, je sais...

-  Elle est partie parce que j’ai été méchant, a--t-il encore gémi.

J’ai saisi le petit aux épaules et je l’ai regardé bien en face.

- Ca, je t’interdis de le croire. C’est complètement faux.

- Tu crois ?

- J’en suis sûre.

- Mais alors, pourquoi ?

- Peut-être parce qu’elle était tellement gentille que Dieu a voulu lui donner le Paradis tout de suite.

Carlos a écarquillé les yeux puis un sourire fragile s’est dessiné sur ses lèvres.   Il a jeté ses petits bras autour de mon cou et a éclaté en sanglots.  A ce moment précis, la servante a pénétré dans la pièce.

- Le bain est prêt, Votre Grâce.

- Nous y allons. Tu veux bien, Carlos ?

Pour toute réponse, le petit a niché sa tête dans mon cou et s’est blotti encore plus douillettement contre moi.   Je l’ai emmené prendre son bain. Extasié, il se laissait faire sans difficulté quand je le savonnais soigneusement avant de le rincer et de l’envelopper dans une immense serviette.

- Voilà, tu es tout propre maintenant.  Et maintenant qu’est-ce qu’on fait ?

- J’ai faim, a déclaré Carlos avec force.

- Décidément, ai-je soupiré, tu as bien besoin qu’on s’occupe de toi.

- Tu vas remplacer maman ?

- On ne remplace pas une maman. La tienne est toujours avec toi, elle te protège du haut du ciel. Mais disons qu’elle m’a demandé de veiller sur vous.

Carlos a hoché la tête.  Peu de temps après, Fidelia   est arrivée.

- Approche, Fidelia, déclare Sol. J’ai besoin de tes services. J’ai l’impression que le personnel de cette maison a grand besoin d’être repris en main.  Mais pour l’instant, j’ai besoin d’un repas pour le petit. Tu sais, une de ces bouillies que tu réussissais si bien à Cordoue. Inigo les adorait. Il n’y a pas de raison pour que Carlos ne les aime pas aussi.

- Tout de suite, Señora.

Peu de temps après, j’ai pu constater que Carlos dégustait avec appétit la fameuse bouillie.

- Je vais avoir besoin de toi, Fidelia.  Si je veux remettre cette maison en ordre, je veux aussi que ces enfants ne soient plus négligés.  Alors, quand je ne serai pas disponible, tu t’en occuperas.

- Avec plaisir. Il a l’air tout à fait adorable, ce petit.  Et l’autre ?

- Pour l’instant, il dort. Mais j’ai mis quelqu'un à le surveiller. Dès qu’il se réveillera, nous ferons connaissance.

Carlos a terminé sa bouillie. Je l’ai débarbouillé avec soin.

- Si tu faisais la sieste ?

Il a baillé deux ou trois fois avant de répondre d’une petite voix :

- Je n’ai pas sommeil.

- D’accord. Disons que je vais te coucher, te raconter une histoire et toi, tu vas seulement te reposer.

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29/03/2009
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