A SUIVRE Le Voyage à l\'envers

A SUIVRE     Le  Voyage à l\'envers

CHAPITRE 60 La roue tourne

CHAPITRE 60 La roue tourne

Satisfait, Placido pose   son sac sur son lit.  Il retrouve avec plaisir sa petite chambre d’étudiant et sourit de contentement. Il écoute un instant dans la cour le pas de son cheval qu’on mène à l’écurie. Il n’a pas pu résister longtemps à Don Esteban qui le pressait sans cesse d’en acheter un. Et à vrai dire, la route lui a semblé nettement plus agréable.  Les cours ne reprennent que dans une semaine mais cela va lui permettre de s’organiser. Midi vient à peine de sonner au clocher voisin et il décide d’aller se promener.  Il flâne dans les rues et s’amuse de l’animation des auberges. Des serviteurs vont et viennent, les bras chargés de linge et de paniers, ou armés de balais et de seaux. Soudain, il s’immobilise, stupéfait.   Son ami Matteo, une cruche dans chaque main, circule entre les tables.

- Matteo ! Du vin !

Abasourdi,  Placido voit son ami s’approcher de la table et servir le vin sans mot dire.

- Pas trop tôt, grogne l’étudiant, t’es pas pressé.

Placido s’attend à une vive réplique de son ami mais rien.  Soudain Matteo l’aperçoit et rougit. Placido  s’approche. Matteo passe près de lui et souffle.

- Je passe chez toi ce soir. Je t’expliquerai.  Mais Pas maintenant.

Placido hoche la tête et retient les questions qui allaient fuser. La journée lui semble interminable . Le soir venu essaie bien de s’intéresser à son livre mais il est bien trop nerveux pour en lire seulement deux pages.  Enfin, peu de temps après minuit, il entend frapper à sa porte. Il ouvre précipitamment et c’est un Matteo aux traits tirés mais qui essaie vaillamment de sourire qui pénètre dans la chambre..

- Alors, qu'est ce qui t’arrive ?

- Inutile de prendre cette mine angoissée, proteste Matteo, ce n’est pas tragique.

- Explique-toi.

- C’est très simple. Je me suis disputé avec mon père et il m’a coupé les vivres.

- Coupé les vivres ? Raconte.

- Voilà. Quand je suis rentré de Tolède, il m’a battu froid. Il prétendait que je les avais abandonnés, comme si ma compagnie lui était agréable ... Il était surtout vexé que je me plaise mieux avec d’autres.  Bref ça m’a déjà agacé. Ses fines allusions ont duré trois ou quatre jours. Moi je me taisais. Qu'est-ce que j’aurais pu lui dire ?  Enfin, un soir, à table, il s’amusait beaucoup en racontant comment il avait jeté à la rue une veuve avec deux enfants qui devait six mois de loyer. Il a ajouté «Notez bien, le propriétaire a su se faire payer en nature. Et même les enfants ont assisté au spectacle !  Dommage que je n’ai pas pu en profiter ! Elle n’était vraiment pas mal !  Un peu maigre peut-être. et pas très ardente, à ce qu’il parait. Mais baste !  A la guerre comme à la guerre ! » Là, j’ai craqué. Je me suis levé et je m’apprêtais à quitter la pièce quand il m’a rappelé

- Où vas-tu, mauvais sujet ? Qui t’a permis de quitter la table ?

Je l’ai regardé, gros, gras, ventru. J’ai pensé à la veuve et j’ai lancé :

- Vous m’écœurez.

Il est devenu encore plus rouge et il a beuglé

- Qu'est-ce que tu dis ? Qu'est-ce que tu oses dire ?

Alors là j’ai sorti tout ce que j’avais sur le cœur. Je lui ai dit qu’il se conduisait comme le dernier des saligauds, qu’il avait tué ma mère, qu’il avait une pierre à la place du cœur et que son seul dieu était l’argent ; et peut-être aussi la frime.   Et j’en passe !

- Tu en as bien profité ! a-t- il crié. Je t’en ai assez donné, pourtant !

- C’est même la seule chose que vous m’ayez jamais donné ; et pour vous débarrasser de moi encore !

 Il a ricané.

- Et qu’est-ce que tu ferais sans moi, bon à rien ? Est-ce que tu crois être quelqu’un, par hasard ?  Mais sans moi, tu n’es rien, tu n’existes pas, tu ne vaux pas plus qu’un pet de lapin !

- Je me débrouillerai ! Comme un de mes amis ! Il n’a besoin de personne, lui, et surtout pas de ton sale argent !

Là, il m’a fixé ; comme un serpent doit fixer sa victime. Sa voix est devenue très calme, trop calme.

- Vraiment, a-t- il dit. Lorenzo (Lorenzo c’est mon frère) qu’en penses-tu ?

- Je pense qu’il faut exaucer ses souhaits, mon père.

Alors, ils se sont tous les deux rués sur moi. Lorenzo m’a saisi les mains et m’a retiré de force les quelques bagues que j’avais. Et puis il m’a enlevé aussi un collier et une broche qui me venaient de ma grand mère.  Et il m’a pris ma bourse.  Pendant qu’il me tenait, mon père m’a envoyé deux terribles gifles et un coup de poing dans l’estomac. Et je te jure qu’il frappe fort. Il m’a traîné dans l’entrée, a ouvert violemment la porte et m’a jeté dans la rue. Pour faire bonne mesure, Lorenzo m’a bourré de coups de pied. Puis mon père a vomi un torrent d’injures et a menacé :

- Tu n’es plus mon fils. Débrouille- toi donc puisque tu es si malin. Estime-toi heureux que je te laisse les vêtements que tu portes ! Lorenzo, si jamais il tente de revenir, tu lâcheras les chiens !

- Pourquoi attendre ? a dit mon frère.

Il est allé chercher les chiens et il a marché sur moi. Comme ce sont des molosses toujours affamés, je n’ai pas demandé mon reste et je me suis enfui.

Abasourdi, Placido fixe un instant son ami.

- C’est incroyable. Incroyable. Et qu'est-ce que tu as fait ? Tu aurais pu attendre que sa colère tombe. Il t’aurait sûrement repris.

- D’habitude, c’est moi le naïf ! Tu parles ! Il était bien trop content de se débarrasser de moi. Et puis je le connais. Il n’est jamais avare d’une vacherie.  Et tout crime de lèse-Gutierrez est passible des peines les plus dures ! J’ai d’abord cherché un coin pour m’abriter pendant la nuit. J’ai atterri dans une écurie et j’ai passé la nuit à réfléchir. J’ai d’abord pensé à arrêter mes études. Mais je ne voulais pas décevoir Don Esteban et j’ai décidé de les poursuivre, coûte que coûte.  Je me suis dit que si tu y étais arrivé, je pourrais y arriver aussi. Alors j’ai pris la route de Salamanque.

- Mais pourquoi n’es tu pas venu à Tolède ?  Nous t’aurions aidé !

-  Et donner raison à mon père ? Non je voulais prouver que j’étais capable de m’en sortir tout seul.

- Mais moi au moins, insiste Placido, j’avais un peu d’argent pour partir. Comment as- tu fait pour manger ?

- J’avoue que j’ai un peu soulagé quelques arbres fruitiers.  Je donnais un coup de main par ci, par là. En échange on me nourrissait. Parfois très bien, je te jure.  Et puis j’ai fréquenté les soupes des églises et des couvents.  La nuit j’arrivai toujours à trouver un coin.  Et même, je me suis bien amusé.

- Amusé ?

- Oui, amusé. Je suis arrivé dans un des villages les plus secs que j’ai jamais vus. J’ai vite compris que le cœur des habitants l’était encore plus. Ils n’avaient qu’une seule idée en tête : la pluie. Elle tardait à venir, la coquine. Quand ils ont vu mon habit, ils se sont dit que je pourrais surement faire pleuvoir. Ils devaient croire que j’avais étudié à la Grotte et reçu mes pouvoirs de Satan lui même .Tu penses bien que je ne les ai pas détrompés. Ils m’ont offert un bon repas et m’ont supplié de les aider. Comme j’ai un grand cœur, j’ai accepté, par pure charité chrétienne. Et c’est là que ça devient drôle : ils voulaient tous passer en premier et me graissaient la patte à qui mieux mieux. J’ai eu droit à tous les ragots du village pour me dissuader d’aller chez l’un ou chez l’autre.  Chaque fois que j’ouvrais la bouche pour prononcer les paroles magiques, une dispute éclatait. Alors j’ai ramassé tout l’argent qu’ils m’avaient donné et j’ai dit « Mettez vous d’accord et il pleuvra. » Voilà.

Placido secoue la tête, mi-amusé, mi-navré.

- Mon pauvre ami, Tu n’avais vraiment pas mérité ça. Et moi qui ne me doutais de rien.

-  Ca aurait changé quoi ? Heureusement la chance a tourné. Comme je ne savais pas où aller, je suis venu ici et j’ai trouvé ce travail. Comme les cours n’ont pas encore commencé, je mets les bouchées doubles. Ils me donnent la chambre et le repas du soir.  Au moins je serai nourri.

- Tu vas pouvoir tenir le coup ?

- Faudra bien. Seulement je ne pourrais plus réviser avec toi. Je n’ai plus les moyens.

- Enfin, tu n’y penses pas, Matteo. Tu es mon ami.

- Dans le cas présent, je serais ton client. Et tu en as d’autres qui te font vivre. Tu ne pourras pas leur expliquer qu’eux doivent payer et que pour moi c’est gratis. S’ils te laissent tomber, c’est pas ça qui arrangera nos affaires. Tu me diras : je pourrais toujours vendre ma voix à un professeur qui veut être élu. Les chaires sont très demandées ces temps ci. J’en connais plus d’un qui l’ont fait. Mais Don Esteban n’aimerait pas ça.

- Surement pas.

- Si en plus je dois rester honnête, ça se complique…

- Fais-moi au moins le plaisir de manger avec moi. Tu sais bien que je déteste manger seul.

- D’accord mais…

- Il n’y a pas de mais. Tu tiens à me mettre en colère ?

- Horresco referens.

- Imbécile.

Matteo sourit.

- Tu sais ce qui m’a aidé à tenir ?  C’est la médaille de saint François que ton père m’a donnée. A chaque fois que je sens mon courage m’abandonner, je la regarde et ça va mieux.

Placido regarde attentivement son ami.

- Ca me désole de te voir comme ça, Matteo.  Je ne sais vraiment pas quoi dire.

Matteo hausse les épaules.

- Comme tu dis, Dieu veut peut-être m’éprouver. Comme ça, je saurai exactement de quoi je parle quand je serai l’administrateur de Don Esteban.  Et puis ça m’a permis de rompre avec ma famille. Et ça c’est plutôt un soulagement.

Un temps. Puis Matteo demande d’une voix timide :

- Tu crois que Don Esteban serait content de moi ?

- J’en suis sûr ! Écris-lui et raconte-lui tout. Tu verras.

Bientôt ce fut la rentrée et Placido se jeta à corps perdu dans ses études. Tout en continuant de donner ses leçons, il regrettait chaque jour l’absence de Matteo et voyait avec désespoir les cernes s’agrandir autour des yeux de son ami.   Un matin, alors qu’il dépose un manuscrit chez le libraire, il trouve celui ci particulièrement épanoui.

- Sais-tu que tes copies et tes traductions se vendent comme des petits pains, Placido ? Ton Virgile a même réussi à épater un professeur de ma connaissance. Et pourtant je peux te dire que c’est un emm... connaisseur.  Il va m’en falloir d’autres copies. Je crois même que je vais t’augmenter.    Attends un peu que je te donne un autre manuscrit.

Il cherche un instant et   grommelle.

-  Où est-ce que j’ai bien pu le mettre ? Je suis sur de l’avoir rangé ici...

Il est vrai qu’un désordre indescriptible règne dans la librairie.  Finalement, aidé par Placido, le libraire remet enfin la main sur son manuscrit, s’abat sur une chaise et soupire.

- Il va quand même falloir que j’embauche quelqu’un pour mettre de l’ordre et tout organiser.

Placido saisit la balle au bond.

- Si vous y êtes décidé, je connais quelqu'un qui ferait très bien l’affaire.

- Vraiment ?

- Un de mes amis, Matteo. Cet été, à Tolède, c’est lui qui a organisé   les fêtes et il a de réels talents pour ça.

Mais le libraire n’est pas convaincu.

- Au lieu de m’augmenter, prenez le à l’essai et donnez lui une partie de ma paie, insiste Placido. Dans un mois vous verrez s’il vous convient et vous pourrez vraiment l’embaucher.   Moi je peux attendre.

Le libraire sourit.

- Ton ami a bien de la chance, Placido.  Et bien d’accord, si tu réponds de lui, je veux bien tenter l’expérience.

Placido a rejoint son ami dans l’auberge où il travaille. Non loin d’eux, quelques étudiants ricanent en les montrant du doigt.

- Quand je pense à tout le vin que je leur ai payé, soupire Matteo. Je voudrais qu’il leur brûle les entrailles !

- Ne me dis pas que tu en attendais de la reconnaissance.  Donec felix eris...

- Multos amicos numerabis,[1] je sais. N’empêche... tu ne sais pas le plus beau.  Je m’occupe aussi de leur linge. Si tu voyais ça ! De vrais cochons. A croire qu’ils en font exprès.  Ah je les larguerai volontiers, je te jure.  Pour ce qu’ils me payent... Enfin ça met toujours un peu de beurre dans les épinards

Placido saisit la balle au bond.

- Justement. J’ai quelque chose à te proposer.

Mis au courant, Matteo ouvre de grands yeux.

- Et tu dis qu’il me prendrait à l’essai ?

-   A toi de faire tes preuves. Alors qu'est-ce que tu en dis ?

- J’en dis que tu es merveilleux. J’irai le voir demain, ton libraire. De toute façon, ici, ça devient intenable.

- Parfait.

Le lendemain, Matteo, ravi, expliquait à son ami le résultat de sa visite au libraire.

- Comme il s’agit de mettre de l’ordre et de tenir sa comptabilité, les horaires sont très souples. Je vais pouvoir   tout organiser autour des cours. Et j’ai déjà des tas d’idées pour la librairie. C’est génial, non ? Et c’est beaucoup mieux payé.

Attendri, Placido acquiesce vivement.

- Et en plus j’ai largué mes porcs, ajoute Matteo. Si tu avais vu leur tête ... Maintenant il faut que je trouve un logement.

- Pas question. J’ai déjà fait mettre une deuxième paillasse dans ma chambre. Tout est arrangé. Et ne proteste surtout pas, tu me vexerais.

- Bon d’accord.  Ta bonté ira-t- elle jusqu’à me permettre de suivre tes cours ? Je sais que tu refuses du monde.

Placido s’incline bouffonnement.

- C’est bien parce que c’est toi.   Il faut fêter ça.

-  Comme un bonheur ne vient jamais seul, c’est bientôt le Lundi des eaux. Le Carême est presque fini, Pâques approche à grands pas. On va pouvoir ramener nous belles dans la cité. Avoue qu’elles te manquent.

- Je l’avoue et je serai heureux de revoir Serrana.

- Quelle idée aussi de les expédier de l’autre côté du fleuve !

- Tu crois vraiment que ça suffirait de fermes les bordels ? s’amuse Placido.

- A vrai dire, non. La chair est faible. Heureusement, on peut trouver son bonheur ailleurs.

- Chez une femme mariée, par exemple, lance Placido.

Matteo prend un air faussement outragé.

- Mon cher, sache que c’est par simple scrupule moral que je les préfère aux jeunes filles. C’est œuvre de voleur que d’ouvrir un coffre scellé.

- Scrupules qui t’honorent.

- Alors, vive les barques, les fleurs, le vin et les femmes !

- Amen !

Peu de temps après, attablés devant le meilleur vin de la région, ils entonnent le cantique des étudiants :

« Ave color vini clari

Ave sapor sine pari

Tua nos inebriari

Digneris potentia

Felix venter quem intrabis

Felix gutur quod lavabis

O beata labia ! »[2]

Deux ans plus tard, ils obtenaient brillamment leurs diplômes et rentrèrent définitivement à Tolède où Don Esteban leur fit un accueil triomphal.

Alors, vous êtes juristes, maintenant, diplômés et tout ? interroge Clara.

- Diplômés et tout, reprend Placido, amusé.  Nous avons connu les affres des examens, écrit nos noms sur les murs à l’encre rouge – un mélange d’ocre, de sang de taureau et de piment - et connu la gloire d’être reçus. Nous avons aussi dû aussi, hélas, payer les repas de fête et autres joyeusetés traditionnelles. Bref, nous avons nos diplômes, diplômes reconnus dans le monde entier, je tiens à le préciser.

- Décidément, ça ne te va pas de jouer les pédants, lance Matteo. On n’y croit pas une seconde. Et pourtant c’est la pure vérité.  Et en plus sans avoir succombé au jeu ni aux rixes, ce qui est méritoire.

- C’est encore beaucoup plus beau que ça. Nous sommes devenus beaucoup plus compréhensifs devant les faiblesses humaines. Tu te rappelles la dernière élection ?

- Tu parles ! On avait le choix entre deux candidats : l’un plein de vertus, de savoir et de lettres antiques et surtout gonflé de sa propre importance. Il a terminé son discours – un vrai pro domo dans toute sa splendeur – en dénonçant le pire vice de son concurrent : le jeu.

- Charmant personnage, grommelle Don Esteban

- Attends la suite. Le lendemain, l’autre a reconnu les faits et a supplié ceux qui ne savent pas jouer de ne pas voter pour lui et ceux qui ont déjà joué de le choisir ;

- Et alors ?

- Il a été élu.

Don Esteban rit de bon cœur.

- Voilà une histoire comme je les aime.

 Puis il se tourne vers Matteo.

- Alors, Matteo, prête à monter un refuge de toutes pièces ?

- Pensez donc, padre, cela fait trois ans que je ne pense qu’à ça !

- Pour l’instant, vous feriez mieux de penser à vous reposer, proteste Clara.

- Ne crains rien, nous en avons bien l’intention. Les vacances c’est sacré. Surtout quand c’est les dernières.

- C’est heureux parce que nous avons prévu une grande fête.

- Une grande fête ?

- Oui, pour fêter votre retour et vos succès. Tous les amis sont prévenus et ils tiennent à vous féliciter. Et puis ça vous permettra de prendre ou de reprendre contact, assure-t- elle.

- Elle a raison, Matteo, poursuit Don Esteban. J’ai invité Don Justo et sa famille. Il a accepté d’être le médecin attitré de mon refuge, il faudra que tu en parles avec lui.

Placido devient grave.



16/03/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres