A SUIVRE Le Voyage à l\'envers

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CHAPITRE 48 Un nouveau venu

CHAPITRE 48 Un nouveau venu

La messe est terminée et Don Esteban s’affaire dans la sacristie, tout en surveillant du coin de l’oeil les enfants de choeur qui aident Clara et Faustino à tout ranger. 

- Encore trois missels oubliés, soupire t il, mais cette fois, ils viendront les chercher. J’en ai assez de courir après.

- Les soeurs Juarez ont apporté les nouvelles étoles brodées, annonce Clara.

- Tiens, je croyais que c’était prévu pour demain ? s’étonne Don Esteban.

- Demain, c’est Berenguela Rodriguez qui doit vous donner les chasubles des petits. Elles ont sûrement voulu la coiffer au poteau.

Don Esteban secoue la tête.

- Où va se nicher l’orgueil...murmure t il.  A propos, qui m’a encore envoyé la vieille Rita hier ?  Vous savez bien que si on la laissait faire, elle se confesserait trois fois par jour ! 

- Elle a peut-être d’abominables péchés à se faire pardonner, déclare Clara, amusée.

- A son âge ? Tu la surestimes. A moins que la médisance ne soit un pêché mortel. Et j’en ai plus qu’assez de ses sempiternels « Je sais bien que ça ne me regarde pas mais ne faut il pas pourchasser le péché ? » Et à chaque fois, elle me casse les pieds avec tous les ragots du quartier.  Alors, la prochaine fois, inventez n’importe quoi mais je ne veux plus la voir.

- Enfin, padre, vous osez refuser la confession à une pénitente ?

-  Mais, ma petite fille, c’est sérieux la confession. Ce n’est pas une gourmandise pour dévote inquiète et médisante Et je refuse d’engager le pardon divin pour un caprice de vieille dame !  Qu’elle s’abstienne de pêcher et qu’elle me fiche la paix ! Si tu la vois, dis lui bien que je refuse de la confesser plus... d’une fois par semaine.  Et encore, qu’elle s’estime heureuse. La confession n’est exigée qu’une fois l’an, à Pâques. Non mais...

Soudain il se retourne vers les enfants de choeur :

- Javier ! tonne t il, je t’ai déjà dit mille fois de ne pas faire tourbillonner l’encensoir. Tu mets des cendres partout ! 

- Oui, padre.

- Inutile de prendre cet air angélique, garnement. La prochaine fois, je te botte les fesses !

- Padre, hasarde Faustino, il faudrait racheter du vin. Il n’y en a presque plus.

- Déjà ! Mais ce n’est pas possible, quelqu'un me le boit en cachette !

Le sacristain blêmit et balbutie, les larmes aux yeux :

- Vous ...vous ...m’accusez, padre ? Je... je vous jure que ce n’est pas moi !

- Bien sûr que ce n’est pas toi ! Je sais parfaitement que tu es incapable de voler une puce à un chien. Mais veille bien à fermer à clé et à double tour la réserve. Ca évitera au vin de disparaître aussi mystérieusement, déclare t il en fixant les deux gamins qui détournent les yeux.

Soudain une voix grave et bien timbrée se fait entendre :

- Excusez moi, je ne voudrais pas vous déranger mais je voudrais voir Don Esteban.

Tous se retournent vers le nouvel arrivant qui se tient sur le seuil de la sacristie. C’est un jeune homme d’une vingtaine d’années, sobrement mais élégamment vêtu, le visage ouvert et les traits réguliers. Ses yeux noisette semblent francs et décidés et il attend patiemment qu’on veuille bien s’occuper de lui. Don Esteban s’approche.

- C’est moi. Qu’y a t il pour votre service ?

- Je m’appelle Vicente Davila y Blasco Nunez.  Je suis votre ... votre vicaire.

Abasourdi, Don Esteban le fixe un instant et répète :

- Mon vicaire ? J’ai un vicaire, moi ? C’est nouveau !

- C’est monseigneur l’archevêque qui m’envoie. Il m’a dit que vous étiez souvent débordé et qu’un peu d’aide vous serait sûrement utile. A ce que je vois, il avait raison et j’espère pouvoir vous aider.

Clara s’est ressaisie la première :

- Cela fait longtemps que vous attendez ?

-  A peine quelques instants. La porte était ouverte mais vous aviez tous l’air si occupés...

Don Esteban a un large sourire :

- Vous avez bien fait.

Clara se penche vers Faustino :

- Si ça fait un moment qu’il est là, il n’en a pas perdu une miette. On parie que monsieur le secrétaire voulait un interlocuteur un peu plus à son goût ? dit elle à voix basse

- Tu... tu crois ?

- Ben, tiens. Don Esteban ne doit pas être assez présentable.

- Oh !

Don Esteban sourit au jeune homme.

- Mais entrez donc. Je vais vous présenter tout le monde. 

Les présentations sont rapidement faites et même les deux enfants de choeur se tiennent à peu prés bien.

- Si je puis me permettre, déclare Don Esteban, vous me semblez bien jeune pour être vicaire.

- A vrai dire, avoue le jeune homme, je sors tout juste du séminaire et j’attendais avec impatience de savoir où je serai nommé.

- Et d’où venez vous ? demande à son tour Clara avec son plus joli sourire.

- D’Avila. Ma famille y est très puissante mais je suis le plus jeune. Mon frère aîné aura les terres et le cadet est destiné à l’armée. C’est pourquoi mes parents ont souhaité que j’entre dans les ordres.

Pendant que la conversation suit son train, l’archevêque, de son côté, songe avec amusement à l’insistance qu’a mise le Señor Davila à demander un bon poste pour son fils, avec l’arrogance qui le caractérise. Arrogance qui autrefois, lui a fait commettre certaines ...indélicatesses que l’archevêque n’est pas homme à oublier. C’est pourquoi il s’est empressé d’accéder à la demande du digne seigneur...

Soudain, Faustino sursaute :

- Le temps passe, padre. Il faut que j’aille sonner.

- Il a raison, ajoute Clara, et avec tout ce que vous avez à faire...

- Je sais, je sais.

Il s’adresse alors à Vicente :

- Dites moi, mon jeune ami, êtes vous déjà installé ?

- Oui, padre, mes parents ont une petite maison à Tolède et ils me l’ont cédée.

-  Vous êtes donc tout à fait libre de vos mouvements ?

- Bien sur.

- Alors, venez donc avec moi. Je dois faire la tournée de mes paroissiens.

- Avec grand plaisir, padre. Que faut il faire ?

- Vous savez harnacher un mulet, je suppose ?

Interloqué, le jeune homme répète :

- Harnacher un mulet ? Oui, enfin, ça ne doit pas être plus difficile qu’un cheval...

- Parfait. Faustino, tu lui montres le mulet et nous arrivons avec les paquets.

- Prenez votre temps, lance Clara, ironique. Le temps que nous ayons tout rassemblé, vous n’aurez plus rien à apprendre sur les mulets.

Don Esteban hausse les épaules. Clara jette un regard autour d’elle et soupire :

- Décidément, vous avez une mentalité de chiffonnier ! Vous ne croyez pas qu’il serait plus simple de distribuer tout cela à la sacristie plutôt que de leur porter à domicile ?

- Et toi ma petite fille, tu crois que c’est facile d’avouer sa misère ?  Quand je rentre dans leur maison, une fois la porte tirée, personne ne sait ce que j’y fais.

Nouveau soupir de la jeune femme.

- Je ne sais pas qui est le plus entêté, votre mulet ou vous !

Enfin, le mulet est harnaché et chargé et les deux hommes peuvent commencer leur tournée.  Don Esteban sort une liste de sa poche et la consulte un moment.

- Bien, commençons par aller voir Damiata Salcedo. Elle vient d’avoir son petit.

- Je peux vous poser une question, padre ? demande Vicente, un peu timide.

- Bien sûr.

- Est ce qu’à chaque fois, vous visitez tous vos paroissiens ?

- Grand Dieu, non ! Heureusement ! D’abord, parce que les journées n’y suffiraient pas et ensuite parce que ça finirait par leur casser les pieds !

Devant la mine interdite du jeune vicaire, il précise :

- Tu comprends, il faut une bonne raison pour entrer chez les gens. Ils sont chez eux tout de même !

- Je vois.  Adesse sed non intrudere[1].

- Comme tu dis !

Un temps.

- A propos, reprend Don Esteban, peut être préfères- tu que je te vouvoies, enfin que je ... Il faut me le dire; j’ai le tutoiement très facile et je ne veux pas choquer.

Vicente secoue la tête en souriant.

- Au contraire, padre. Ca me fait plaisir. J’ai l’impression d’être un peu des vôtres.

- Comme tu veux.  Ah ! Nous sommes arrivés.  Tiens, attache Curro à ce piquet.

Vicente jette un regard inquiet aux baraques délabrées et demande :

- Vous n’avez pas peur qu’on vous vole, padre ?

Don Esteban se met à rire :

- Ne crains rien. Sans vouloir tomber dans le péché d’orgueil, je t’avoue que Curro est aussi célèbre que le cheval du Cid[2].Nul ne s’aviserait d’y toucher.  Et puis je bénéficie de certaines protections.

- Les alguazils ?

- Non, petit, les voleurs ! C’est beaucoup plus sûr.

Le prêtre s’amuse un instant de la mine interdite du jeune vicaire et décroche quelques paquets du mulet.

- Tiens, prends ça. Et ferme la bouche, tu as l’air d’un innocent.

Pendant que Don Esteban pénètre dans la masure d’un pas décidé, Vicente saisit les deux paquets qu’il trouve bien lourds, lance un regard étonné à Curro qui sourit de toutes ses dents d’un air moqueur et finit par suivre le prêtre. La pièce est assez petite et plutôt sombre mais le jeune homme finit pas distinguer un lit dans un coin de la pièce. En s’approchant, il voit Don Esteban assis au bord du lit, un nouveau né dans les bras.

- Il est magnifique, ton fils, Damiata. Félicitations, tu l’as bien réussi.

La jeune mère a un sourire éclatant qui fait pourtant vite place à une mine inquiète :

- Vous ne croyez pas qu’il faudrait l’ondoyer, padre ?

- Pourquoi ? Il a l’air en pleine santé. Amenez le moi demain, ce sera bien suffisant.

- Le dernier est mort si brutalement...

- [3] D’accord. Si ça peut te rassurer, j’ai apporté de l’eau bénite.

- Je préfère.

- Comment veux tu l’appeler ?

- Esteban. Je suis sûre que ça lui portera chance.

Le prêtre sourit et accomplit la cérémonie.

- Et nous voilà un petit chrétien de plus, déclare t il, satisfait en tendant l’enfant à sa mère.

- Je voudrais tellement que Dieu me le laisse, celui là.

Don Esteban se relève.

- Aide toi, le Ciel t’aidera. J’ai attiré sur lui la bénédiction divine. Maintenant occupons nous de son bien être matériel.

- Qu'est ce que vous voulez dire ? demande Damiata, intriguée

- Vicente ! Passe moi donc le plus gros des paquets.

Sous les regards étonnés, Don Esteban extirpe des linges un magnifique berceau de noyer sur le toit duquel se détache un petit agnus dei.

- Clara a tissé elle même la couverture en bonne laine bien chaude. Et le berceau est bien clos. Comme ça, il n’aura pas à craindre les courants d’air. C’est mauvais pour les petits.

Émerveillée, Iñés suit des doigts les fines sculptures qui ornent le berceau.

- C’est superbe. Je suis sûre que les grandes dames n’en ont pas d’aussi beau.

- Parce que tu t’imagines que je travaille pour les grandes dames ?

La jeune femme se met à rire et avec mille précautions, couche son enfant sur la literie douillette.  Mais le bébé n’est visiblement pas sensible à toutes ces attentions et se met instantanément à brailler de toutes ses forces.

- Mais qu'est ce qu’il a ? s’inquiète la jeune mère.

- Mets toi à sa place : pendant neuf mois, il a été bien au chaud sans le moindre souci et tout d’un coup il se voit arraché de son abri et projeté dans un monde froid et bruyant sans crier gare !

Damiata sourit.

- Je crois qu’il a faim.

Elle entrouvre sa robe, saisit l’enfant et lui donne le sein. Aussitôt le petit se met à téter avec ardeur, avec la mine sérieuse de celui qui s’absorbe dans une tache suprêmement importante. Attendri, Don Esteban contemple le charmant tableau puis se tourne vers son jeune vicaire. Celui ci a pudiquement détourné les yeux et tente de trouver de l’intérêt au parquet et au plafond de la demeure, sans oublier les murs et la cheminée.

- Et bien, Vicente, regarde ! C’est le plus beau spectacle qu’il soit donné de voir.

Mais le jeune homme rougit et garde obstinément les yeux baissés.

- Tu as tort, lance Don Esteban. Pour un homme de Dieu, rien ne vaut l’image de la Mère et de l’Enfant.

Il bénit une dernière fois Damiata et le petit et sort de la pièce, suivi du jeune homme encore tout ému.

- J’espère que la Vierge les protégera de tout, soupire Don Esteban, Damiata a déjà perdu deux petits.

- Mais ils sont au Paradis, padre.

- Je sais ... Et que la volonté de Dieu soit faite... Mais avant de les prendre, il les laissera bien donner du bonheur à leurs parents et répandre un peu de lumière et de chaleur sur terre... Et puis le premier mari de Damiata était une vraie brute. J’aimerai qu’elle soit heureuse.

A peine Don Esteban a t il détaché Curro qu’il voit arriver un gamin d’une dizaine d’années, tout essoufflé.

- Padre...padre...

- Reprends d’abord ton souffle, tu m’expliqueras après.

Plié en deux, le petit s’appuie sur le mulet et finit par expliquer d’une voix hachée :

- C’est Nenita, le père l’a enfermée...

- Enfermée ? Et pourquoi ?

- C’est Lupa qui dit qu’elle lui a volé un col mais c’est pas vrai parce que Lupa, elle l’aime pas et elle voudrait que papa s’en débarrasse et papa il la croit toujours et il a battu Nenita et elle est enfermée dans le grenier et j’ai eu du mal à la voir et...

- Je vois. Calme toi. Je vais aller le voir, ton père et je lui ferai entendre raison, moi.

- Il a dit que vous aviez rien à dire et qu’il vous empêcherait de vous mêler de ce qui vous regarde pas et...

- Ah, il a dit ça ? Et bien nous allons voir qui est le plus fort ! déclare Don Esteban en se tournant vers Vicente, dites moi, mon jeune ami, vous n’avez rien contre un peu d’exercice ?

- D’exercice ?

- Oui. Le père de Nenita est plutôt costaud et nous ne serons pas trop de deux pour le maîtriser. Enfin, j’ai ma canne...

- Mais qu'est ce qui se passe ? interroge le jeune homme

- Le père du gamin s’est remarié avec une certaine Lupa, la bien nommée car je n’ai jamais vu crocs plus acérés pour déchirer les autres et en particulier sa belle fille Nenita. Je n’ai jamais pu savoir s’il adorait cette garce ou bien s’il en avait peur. Les deux peut-être. Bref, Lupa fait tout ce qu’elle peut pour détacher le père de ses enfants et cet imbécile s’y laisse prendre !

Peu de temps après, Don Esteban frappe à la porte d’une maison d’assez belle apparence. Mais aucune réponse. Don Esteban frappe de plus belle. En vain.

- Ouvre, Fulgencio. Je sais que tu es là ! crie t il. Ouvre ou je défonce la porte !

Une tête furieuse apparaît alors à la fenêtre de l’étage :

- Non mais, vous vous croyez où à hurler comme ça ? proteste une femme à la mine revêche.

- Dans une maison où on ne respecte guère le Seigneur, Lupa ! Alors tu vas me faire le plaisir d’ouvrir et vite !

La dénommée Lupa lui jette un regard venimeux.

- Évidemment, c’est ce sale gosse qui est allé vous prévenir ! On n’aura donc jamais la paix !

- Jamais tant que je pourrai vous empêcher de mal faire !  Et maintenant ouvre !

La fenêtre se ferme brutalement.

- Ah c’est comme ça, maugrée Don Esteban.

Puis d’une voix forte :

- Ouvre, Fulgencio ou je parle de toi à l’église dimanche ! Tu  tiens  tant que  cela à  être excommunié ?

Cette fois c’est une tête d’homme qui apparaît à la fenêtre.

- Vous n’oseriez pas !

- Tu veux parier ?

Une nouvelle fois la fenêtre se ferme avec violence mais peu de temps après, la clé tourne dans la serrure et un homme massif à la mine rageuse s’encadre dans la porte.

- Qu'est ce que vous voulez ? lance t il d’un ton rogue

- Comme si tu ne t’en doutais pas ! Je veux voir Nenita.

- L’est pas là !

- Tu me prends pour un imbécile ? Le petit m’a tout dit.

- Toujours à se mêler de ce qui le regarde pas, celui là !

- Ah bon, parce que ce qui arrive à sa soeur, ça ne le regarde pas ? Tu dis vraiment n’importe quoi !

- Je suis maître chez moi et je fais ce que je veux !

- Et tu veux vraiment compromettre ton salut éternel ? « Ce que vous avez fait au plus petit de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ! » Tu te rappelles ? Alors, méfie- toi, tu te prépares une éternité de flammes et de coups de fourche !

Le bruit a attiré les voisins et un petit groupe commence à se former autour de la maison. Fulgencio recule d’un pas et fait entrer les deux hommes.

- D’abord, commence t il, ce mioche, il dit rien que des menteries. C’est pas ce que vous croyez. Ma fille c’est une voleuse, une moins que rien et elle mérite bien d’être corrigée !

- Et tu as des preuves de ce que tu dis ?

- Lupa l’a vue en train de voler; c’est elle qui m’a prévenu.  Hein, qu'est ce  que  vous  avez à répondre ?

-  Et Nenita, elle, qu'est ce qu’elle dit ?

- Elle nie tout, évidemment ! Voleuse et menteuse ! Mais je lui ferai passer le goût de mal faire, je vous jure !

- A coups de ceinturon !

- Comme je le voudrais ! Et si il y a que ça qu’elle comprends, tant pis pour elle !

- Et évidemment, tu préfères croire ta femme que ta fille !

- Pourquoi Lupa me mentirait, hein ?

Don Esteban secoue la tête, résigné.

- Décidément, il n’y a rien à faire ! Alors écoute moi bien. Fais ce que tu veux avec ta Lupa, marche sur les mains si elle te le demande mais je t’interdis de toucher à tes enfants !

- Et qu'est ce qui vous donne le droit ...

- Leur défunte mère, coupe le prêtre. Sur son lit de mort, j’ai promis de veiller sur eux et je tiens toujours mes promesses. Alors, maintenant fini de rire. Je veux voir Nenita et je la verrai. Et si tes gosses ont encore une seule fois à se plaindre, je te jure que ce sera la dernière !

- Vous ...

- J’utiliserai tous les moyens, tous, tu m’entends ?

Fulgencio lui lance un regard mauvais mais recule de quelques pas pour le laisser passer.

- Attention, padre ! s’écrie Vicente

Don Esteban s’écarte juste à temps pour éviter le bâton de Fulgencio, saisit sa canne à deux mains,   fait voler l’arme du forcené  d’un coup bien ajusté,  lui envoie sa canne au creux de l’estomac  et enfin lui assène sur la nuque un coup qui l’envoie aussitôt  à terre.  Lupa, qui se tient au pied de l’escalier, veut s’élancer mais Don Esteban la retient avec sa canne :

- Maintenant, tu libères la petite ou je continue avec toi ! rugit- il

Effarée, la femme regarde un instant les deux hommes puis saisit une clé à sa ceinture et s’empresse d’ouvrir la porte du grenier. Là, au milieu des bottes de paille et des vieux chiffons, une toute jeune fille en larmes, recroquevillée contre un tonneau, lui jette un regard affolé. Il s’approche d’elle et lui tend les bras ; elle s’y blottit aussitôt et il la berce doucement :

- J’ai rien volé, padre, j’ai rien volé, balbutie t elle

- Allons, allons, je le sais bien, chica, je le sais bien. Viens, on s’en va.

La petite hoche la tête et le suit sans quitter les bras rassurants. Ils descendent ainsi l’escalier. En apercevant son père et sa belle mère, Nenita se blottit encore plus contre le prêtre.

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03/03/2009
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