A SUIVRE Le Voyage à l\'envers

A SUIVRE     Le  Voyage à l\'envers

CHAP 87 et 88 Luisa ne veut pas dormir / Du désagrément de ne pas fermer ses portes

CHAPITRE 87 Luisa ne veut pas dormir

Ce soir là, Ana lit tranquillement dans le patio quand Isabel annonce    Rafael     .

- Que se passe-t- il ? Rien de grave, j'espère.

- Non, rien de grave, la rassure Rafael, l'air embarrassé. C'est un peu délicat.

Il jette un coup d'oeil autour de lui.

- Votre indien n'est pas là ?

- Pedro ? Si, il est dans le jardin, je crois, il joue aux échecs avec Domingo. Pourquoi ?

  Rafael a l'air de plus en plus embarrassé.

- J'aurai besoin de lui.

- De, lui ?

- C'est une histoire idiote et vous allez sûrement vous moquer de moi.

- Dites toujours.

- Ce midi, Pedro vous a accompagnée au repas de mon père, n'est-ce pas ?

- Comme d'habitude.

- Et comme d'habitude, il est resté avec les enfants. Cela se passe très bien et il leur raconte de belles histoires qui leur plaisent beaucoup. Surtout une qui parle de petit singe et de serpent. 

- J'avoue que je ne vois pas...

Rafael rougit et finit par avouer :

-   Luisa ne veut pas s'endormir sans cette histoire.

- Pardon ?

- C'est sans doute un caprice et je suis certainement trop faible avec elle mais elle est persuadée que je connais l'histoire et que je ne veux pas lui raconter... Alors si Pedro pouvait venir à la maison ... Oh, rien qu'une fois.

Ana sourit de l'air embarrassé du jeune homme.

- Je vois. Rien n'est plus important que le sommeil d'une petite fille.

- En effet, rien, déclare une voix grave derrière elle, je viens tout de suite.

Ana se retourne vivement : Pedro se tient dans l'embrasure de la porte.

- J'ai entendu votre discussion, explique-t- il.

- Tu sais de quoi il s'agit ?

- Je crois oui. Je vous suis, señor Rafael.

Ana les regarde un instant.

- Je viens aussi. Une petite promenade me fera du bien. L'air est si doux.

Lila [ les attend sur le pas de la porte et soupire de soulagement en apercevant Pedro.

- Je te remercie d'être venu. Elle pleure en disant que son papa ne l'aime plus.

La jeune femme introduit Pedro dans une petite pièce immaculée. En apercevant l'indien,   Luisa         cesse de pleurer et lui sourit. Le jeune homme s'assied sur le bord du lit.

- Et bien Luisa, gronde- -t- il doucement, Qu'est-ce que c'est que ce caprice ?

- Mon papa ne veut pas me raconter l'histoire du petit singe, gémit l'enfant.

- Ce n'est pas pour t'embêter mais il ne la connaît pas.  Il n'est  jamais  allé aux Indes, n'est-ce pas ?

- Non.

- Alors il ne peut pas la connaître. Les papas ne savent pas forcément tout, tu sais.

- Ah bon ? Alors, raconte-la,toi.

- D'accord, je vais te la raconter et ton papa va bien l'écouter. Comme ça il pourra te la raconter aussi souvent que tu le voudras. Mais moi je ne peux pas venir tous les soirs ; tu comprends. Alors, plus de caprices ?

La petite hoche la tête « Promis » souffle -t- elle en battant des paupières. Le jeune homme commence :

- Là las, dans la grande forêt, là où les arbres sont si élevés que le soleil n'y pénètre jamais ...

La voix chaude berce l'enfant qui ne tarde pas à s'endormir. Pedro termine néanmoins l'histoire, sourit et sort de la pièce à pas de loup tandis que Lila, soulagée, referme doucement la porte.

- Je reconnais que l'histoire est très jolie, déclare-t- elle, et je comprends qu'elle plaise. Mais on voit que tu as l'habitude des enfants. Es -tu marié aux Indes ? As-tu des enfants ?

Pedro secoue la tête.

- Non mais quand j'étais enfant, je me suis beaucoup occupé de mes frères et sœurs et puis, plus tard, j'ai eu des neveux et des petits cousins.

- Je vois. Une longue habitude.

- La tendresse, c'est-ce qui me manque le plus, lance -t- il.

Aussitôt, il se mord les lèvres et détourne le regard. Ana rougit et feint de remettre en place les plis de sa robe.

CHAPITRE 88 Du désagrément de ne pas fermer ses portes

Luz hâte le pas. Les broderies d'une de ses robes sont défraîchies et elle veut demander son aide à Isabel. Il n'y a pas de petit bénéfice...Elle s'apprête à frapper quand elle s'aperçoit que la porte d'entrée est entrouverte. Elle ouvre la bouche pour appeler mais brusquement se ravise et pénètre dans la maison sur la pointe des pieds. Des bruits de voix lui parviennent de la salle à manger et elle tend l'oreille. 

 -  Écoute cela encore, Isabel « Mon cher fils, ici le printemps est arrivé et l'air embaume l'orange et le jasmin mais je n'arrive pas à leur trouver le même parfum qu'à Tolède. Ton père se moque de moi et prétend que l'air de la liberté sent toujours bon. Je sais qu'il a raison et que je ne pourrais vivre autrement que dans la loi d'Israël. Mais il m'arrive encore souvent de contempler la clé de notre maison de Tolède. Il est bon qu'un Ha Lévi l'habite encore même s'il s'appelle Santa Cruz ... » Quand je pense que mes grands parents sont morts au Maroc sans que je les aie connus...

    -   Mes parents étaient restés à Tolède, eux mais pour mourir de la peste. Ils avaient refusé de quitter Tolède, soupire Isabel. Tu avais à peine deux ans. 

    -  Je sais. Ecoute encore « Ton père est ravi , il a rencontré ici des médecins réputés qui lui font partager leur savoir.  Il s'occupe en particulier de malades mentaux et le traitement commence à faire son effet. Lui aussi commence à être connu : c'est de bon augure pour la suite. Les gens disent qu'il faut que Ferdinand et Isabelle soient fous pour avoir chassé d'aussi bons médecins. » Ca c'est aussi mon avis. Dire que les premiers juifs sont arrivés en Espagne avant même la mort du Christ, c'était vraiment bien la peine, soupire Ana. Quand tous les autres pays expulsaient leurs juifs, nos rois s'appelaient fièrement rois des trois religions.  Et notre gloire était d'avoir su cohabiter les uns avec les autres, chacun apportant ce qu'il avait de meilleur …

 -  Le temps n'est plus à Alphonse X le sage, ma belle, coupe Isabel. Mais range ces lettres, nous avons encore beaucoup d'ouvrage.

Ana acquiesce, s'approche d'une boiserie, fait jouer un ressort qui découvre une cache et remet les lettres à l'abri.

        Luz n'a perdu ni un mot ni un geste et se retire sur la pointe des pieds.  En passant devant saint Jean des Rois, elle a un sourire mauvais « Des fous, oui, des fous ». Bientôt elle frappe à la porte du palais du Cambron. La porte s'ouvre rapidement. « Je voudrais voir Don José » dit-elle avant de s'engouffrer dans le palais.                                                                                                    

L'après midi est déjà bien avancé et Ana fait ses comptes avec Isabel et Carmen.

    -  Bon, récapitulons. dit Ana.  De quoi as- tu besoin, Carmen ?

    -   Il n'y a plus de lait ni de beurre. Il me faut aussi du miel et des chandelles.

    -  Fais attention aux chandelles, demande Isabel. La dernière fois, elles empestaient.

Tout à coup, on entend des bruits violents à la porte d'entrée et les protestations énergiques de Domingo. Les trois femmes se précipitent et tombent nez à nez avec une bande d'alguazils qui prennent possession des lieux, bloquant les escaliers, les portes et les fenêtres.

    -  Arrangez- vous pour que personne ne puisse faire un geste sans votre accord, tonne le chef des alguazils.

Ana reprend la première ses esprits.

     -  Mais qu'est-ce que cela veut dire ? Où vous croyez vous ?
Le chef la toise d'un air méprisant.
   - Dans la maison d'une judaïsante.

Ana écarquille les yeux.

    -  Judaïsante ? Qui ?  Moi ? C'est absurde !

     -  Nous sommes bien renseignés. Trois hommes dans la salle à manger, ordonne- -t-il. Les autres, tenez moi tout ce beau monde en respect et apprêtez- vous à les embarquer.

 Puis il se retourne vers Ana.

    -  Et inutile de me parler de vos relations, señora, cette fois, personne ne peut rien pour vous.
Ana lance un regard éperdu à ses amis. Mais seul Pedro a l'air impassible, comme d'habitude.
    -  Maintenant, suivez- moi tous dans la salle à manger, exige le chef d'un ton rogue.
Il examine la pièce avec attention. Soudain son regard s'éclaire et il a un regard mauvais.
    -  Je vous donne une chance, señora. Si vous m'obéissez, peut - être vous en tiendra- t on compte.
Ana secoue la tête.
    -  Je vous comprends de moins en moins. Mais vous avez intérêt à avoir un excellent motif pour agir ainsi.
    -  Excellent ? Le meilleur, señora, la défense de la foi. Je déteste particulièrement ceux qui accumulent les fausses bonnes oeuvres et les simagrées pour cacher leur traîtrise.

    -  Et bien ,nous sommes d'accord au moins sur un point, lance la jeune femme.
Le chef la toise une nouvelle fois, ironique.
    - Dites-moi, señora, où sont morts vos grands parents ?

    -  En quoi cela vous importe- -t- il ?

    -  Répondez, c'est un ordre.
    - Ils sont morts de la peste, à Tolède en 1507. Vous voulez aussi des détails sur leur enterrement ?

    -  Inutile de persifler. Je parle de vos grands parents paternels.

Ana regarde l'alguazil bien en face.

    -  Je n'en sais rien. Ils étaient déjà morts quand je suis née. Mon père ne m'a jamais rien dit. Je suppose qu'ils habitaient Séville, où ils étaient nés.

L'alguazil éclate d'un rire sonore.
    -  Séville, vraiment ? Ca ne serait pas plutôt Fès ou Marrakech, par hasard ?
Malgré elle, Ana pâlit.

    -  Je ne vous comprends pas, balbutie-t- elle.

    -  Je vais vous expliquer, assure le chef d'un air faussement bonhomme. En 1492, on s'est débarrassé des juifs qui empoisonnaient toute la vie publique et vos grands parents en faisaient partie. Voilà pourquoi ils sont morts infidèles chez les infidèles, porcs parmi les porcs.

Ana se raidit.
    -  Je ne vous permets pas de m'insulter et d'insulter ma famille.
    -  Bientôt, ma belle, tu n'auras plus rien à interdire ou à permettre et nous verrons si tu garderas ce ton insolent face à tes juges et à tes bourreaux. 

L'alguazil promène un regard satisfait sur l'assemblée : Isabel et Carmen sont pétrifiées de terreur, Mariana se cache à grand peine derrière sa mère, Domingo semble bouillir de colère. Une fois de plus, seul Pedro a l'air détaché de tout.
    -  Maintenant, passons aux choses sérieuses, assène le soldat. Il y a dans cette pièce des choses qui m'intéressent et qui te prouveront que je sais ce que je dis.
Ana regarde autour d'elle et tente de se reprendre.
    -  Des choses ? Et quoi donc ? Un beau miroir ou un coffret en argent repoussé ?

    -  Je préférerai un chandelier à sept branches mais je me contenterai de lettres.

    -  De lettres ? demande la jeune femme d'une voix étranglée.

    -  Oui, des lettres. Les lettres de tes grands parents dont nous parlions tout à l'heure. Des lettres qui prouvent ton infamie. Assez parlé maintenant, tu vas voir.

L'alguazil s'approche sans hésiter d'une boiserie, appuie sur une moulure et aussitôt avec un petit bruit sec, une cache s'ouvre dans le bois. L'homme a un sourire triomphant et se tourne vers Ana.

    -  Quand je te disais que je savais beaucoup de choses sur ton compte.

Puis il fourre résolument sa main à l'intérieur de la cachette. Ana semble prête à s'évanouir.  Mais le sourire de l'homme disparaît. Il fouille rageusement la cachette mais elle est plus vide que la poche d'un pauvre. Furieux, il se tourne vers Ana qui a repris des couleurs.

    -  Qu'en avez-vous fait ? tonne- -t- il

    -  J'ignore toujours ce que vous voulez dire, monsieur, mais je constate que vous n'avez aucun motif de venir insulter une bonne chrétienne chez elle.
    -  Bonne chrétienne, je t'en ficherais moi, des bonne chrétienne. Une fille de médecin !

-  Je vous interdis d'attaquer la mémoire de mon père.  Et je vous ordonne de quitter ma maison, puisque vous n'avez rien à y faire.
    -   Ne croyez pas en être quitte.  Nous reviendrons, grommelle le chef.
    -  Ca, ça m'étonnerait car je m'en plaindrai en haut lieu, au roi, s'il le faut.  Cela ressemble fort à de l'acharnement et je voudrais bien savoir quel motif inavouable vous pousse à me persécuter.  Le roi n'apprécie guère qu'on abuse de son autorité.  Ni qu'on se laisse corrompre.
Sans répondre, le chef rassemble ses hommes et vide les lieux.  Ana vérifie qu'ils se sont bien éloignés, ferme soigneusement la porte et donne deux tours de clé pour plus de sûreté. Puis elle s'adosse au mur, les jambes flageolantes.
    -  Vite, à la cuisine, j'ai besoin de boire un verre.

    -  Nous avons tous besoin de boire quelque chose, assure Isabel.

 Bientôt ils sont tous attablés dans la cuisine, un verre de Manzanilla à la main.

    -  Tout de même, s'interroge Ana, j'aimerais bien savoir ce qui s'est passé.
Pedro, qui est assis à côté d'elle, avale une gorgée de lait et affirme tranquillement.
    -  A tout hasard, j'avais changé les lettres de place.
Domingo manque de s'étouffer, Ana suspend ses gestes et tous regardent l'indien avec ébahissement.
    -   Tu... quoi ? questionne Ana, stupéfaite.

 Pedro sourit avant de répondre.
    -  Ce matin, je voulais sortir. J'étais à l'étage et en descendant l'escalier, j'ai entendu un bruit bizarre. J'ai regardé par la petite fenêtre de l'escalier et j'ai vu Luz qui écoutait très attentivement. Moi aussi, j'ai tendu l'oreille et je vous ai entendues toutes les deux. 

- La porte d'entrée n'était pas fermée ? lance Isabel, effarée. Tu te rends compte, Ana ?  C'est le genre de négligence qui aurait pu nous coûter cher et ...

-  Tout à fait d'accord, coupe Ana.  Et ça n'arrivera plus, je peux te le jurer.  Mais, dis-moi, Pedro, qu'est- ce qui t'a fait croire que ces lettres pouvaient être dangereuses ?

- Jusque là, rien de bon n'est arrivé avec cette femme. Et puis elle avait l'air tellement soucieuse qu'on ne la voie pas...Alors j'ai attendu qu'elle parte et je l'ai suivie.
-  Elle ne s'en est pas aperçue ? demande Domingo

-  Elle est moins fine que les animaux que je traque d'habitude. Elle est allée tout droit chez Don José. Deux pestes ensemble, cela n'est jamais bon. Alors, en rentrant, à tout hasard, j'ai caché les lettres.

- A tout hasard ? répète Ana, fascinée.

-  Je n'aime pas les coups en traître.

Mais Isabel n'est toujours pas convaincue et observe l'indien.

- Et maintenant, interroge- -t-'elle, qu'est-ce que tu veux  en faire ? lance-t- elle d'un ton acerbe. Nous les rendre ?

Sans répondre, Pedro se lève et sort de la pièce.

-  Il nous a sûrement sauvé la vie, Isabel, déclare Ana. Je crois qu'on peut lui faire confiance.

Isabel fait la moue.

- J'espère que nous n'aurons pas à le regretter.

Bientôt, le jeune homme est de retour et dépose les lettres sur la table.

- Il y a un peu de terre dessus. Je les avais mises derrière le jasmin.

Isabel saisit le paquet et les compte.

- Elles sont toutes là, déclare--t-elle, soulagée.

- Et maintenant, demande Domingo, qu'est -ce que qu'on fait ?

Spontanément, Ana se tourne vers Pedro.

- Je crois qu'il faut les brûler, affirme le jeune homme.

Ana soupire.

-  Tu crois ? demande Ana. Je n'ai jamais pu m'y résoudre. Ce sont les seuls souvenirs qui me restent de mes grands parents.
    -  Mais tu les sais par cœur, Ana, proteste Isabel. Tu pourrais même les réciter à l'envers, j'en suis.

    -   Je pense que tes grands parents ne voudraient pas que tu coures un risque quelconque à cause d'eux, ajoute Pedro. Il faut détruire ces lettres.  On ne sait jamais.

Ana tourne et retourne le paquet entre ses doigts.

- Je ne voudrais pas que Luz gagne la partie, ajoute doucement l'indien.

Les larmes aux yeux, Ana se mord les lèvres. Puis elle lève ses yeux d'eau vive sur Pedro.

-  Tu crois que c'est indispensable ?

-  Indispensable.

-  Alors, fais-le.

Pedro saisit le paquet et le jette dans les flammes.  Ana regarde le papier crépiter, songeuse.
    -  Décidément, on m'aura tout pris.
    -  Je me demande si nous ne ferions pas mieux de rejoindre Sancho à St Domingue, soupire Isabel. Depuis le temps qu'il me le demande...

    -  Tu as raison, l'alerte a vraiment été chaude. Je ne tiens pas à revivre ces minutes.  Au fond, j'ai toujours su qu'un jour je devrais quitter Tolède et tout laisser. Je crois que je n'ai plus le choix.

     -  Demande une audience au roi, propose Isabel. Avec l'appui du marquis, tu devrais avoir gain de cause. Et écris à Luis. Il pourra certainement te faciliter la tâche.
    -  Je vais lui écrire tout de suite. Et j'irais au palais demain, assure la jeune femme.

   -  Et moi, je vais aller voir Manuel, annonce Pedro. C'est bien la dernière fois que Luz fourre son naseau dans ce qui ne la reluque pas.

L'espagnol approximatif de Pedro détend aussitôt l'atmosphère et tous se mettent à rire.
    -  Et que comptes- tu faire ? demande Ana, amusée autant qu'intriguée.
    -  Pas encore une idée mais à nos deux on va trouver. Et je vais lui sauter l'envie de te faire du mal.
 Le ton est si décidé que nul ne songe à rire

<



08/04/2009
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 3 autres membres